LIVE #2 : La métamorphose du corps pendant la grossesse.
Le 01 May 2020 | 590 Commentaires |
// 14.04.20 en direct avec @Morgane Martini, maquilleuse professionnelle basée à New-York, enceinte de 8 mois //
Mes propos seront illustrés par le témoignage de Morgane et son histoire c’est à dire une grossesse dans un couple homme – femme.
Commençons par le commencement : la conception.
Elle n’est pas un simple coup de poker ! C’est un engagement entre un homme et une femme et l’énergie d’un enfant qui va devenir un être humain. Sa mère est la seule personne au monde qui peut lui apporter ce dont il a besoin pour se réaliser. Elles possèdent des codes indispensables, tout comme son père.
C’est la rencontre de trois êtres qui se soutiennent mutuellement dans leur évolution personnelle, et qui se mettent en mouvement vers leur réalisation personnelle.
Quel est le récit de conception de votre bébé ?
M.M : Nous avions notre projet de mariage le 30 aout 2019 et celui-ci était bien définit.
En parallèle, j’ai toujours eu en tête que la grossesse serait difficile pour moi et qu’avoir un enfant prendrai du temps, avec la crainte de concevoir. Finalement, je suis tombé enceinte du premier coup après notre mariage.
Le premier trimestre.
On ose peut en parler pourtant il fait partie des plus difficile. Pour peu qu’il se soit bien passé on évite de s’en vanter. Au contraire, si on l’a détesté on peut avoir honte d’en parler ?
Ce silence laisse la femme seule et parfois incomprise. Elle-même surprise de ce découvrir enceinte.
Quelle a été ta toute première réaction ?
M.M : « Choquée ». J’ai fait deux tests de grossesse trop tôt parce que j’étais impatiente donc négatifs. Puis je me suis senti très fatigué. Étonnée par mes nombreuses siestes, j’ai décidé d’en faire un troisième. Positif cette fois. J’étais heureuse mais choquée. Je l’ai annoncé de suite à mon mari puis à ma mère et ma sœur.
Appelé aussi trimestre de l’ambivalence. Nous sommes prises entre joies et doutes, une vraie cascade émotionnelle, « les montagnes russes ». Ponctué par des « et si … » ou des « est-ce que ... »
À quoi ressemblait la tienne ?
M.M : J’adore les enfants depuis toujours. Plus jeune j’ai été très présente pour mes deux petites sœurs. J’étais prête à être mère.
Ma crainte était lié à mon vécu familiale. Ma tante aurait rêvé d’être maman mais elle se l’ai refusé en avortant deux fois car son compagnon n’en était pas là et une leucémie l’a emporté 6 ans plus tard.
Aussi, je souhaitais tellement ce bébé que je craignais qu’on me le retire. Heureusement, le fait que la grossesse soit rythmé par les rendez-vous médicaux m’a rassuré.
Ma dernière crainte était professionnelle. La marque avec qui je travaille devait renouveler mon contrat.
Puis on trouve la force d’affronter chaque questions et de trouver des réponses qui viennent asseoir la certitude que ce bébé apportera son lot d’abondance.
Quelles ont été tes réponses ?
M.M : J’avais peu de symptômes. Ce qui m’a rassuré ce sont chaque échéances médicales où l'on avance et se projette un peu plus. J’ai communiqué avec mon équipe. Ils m’ont encouragé. Je savais que des gens tenaient à moi tant sur le plan professionnel que personnel. À partir de là, ça a été une délivrance totale avec une sécurité financière.
Accepter son ambivalence sans se juger.
Dès lors que la femme sait qu’elle est enceinte, tout est différent. Elle n’est plus seule, avec ce sentiment d’exister pour plus que soi-même. Elle et le couple a le choix de l’annoncer ou de garder le secret.
Et vous, qu’avez-vous choisi de dire ?
M.M : Je l’ai dit rapidement à mes proches, je voulais partager cette excitation avec les gens que j’aime. J’ai simplement gardé du recul vis à vis de mes grands-parents par souci de protection si une mauvaise nouvelle venait à arriver.
Pour le reste des personnes au courant, je me sentais en confiance de partager un deuil au cas où.
La réponse juste c’est de s’écouter. J’engage les femmes et les couples à faire appel à leur intuition. En tout cas ne pas s’empêcher de le dire pour attendre ces fameux trois mois et/ou par peur de perdre le bébé. Le monde doit évoluer et comprendre qu’une fausse couche est un deuil réel et légitime et c’est bien en partageant nos grossesses que la conscience de la vie et de la mort s’éveilleront.
Toujours dans ce premier trimestre, on oscille parfois entre assurance et perte de confiance. D’ailleurs, assez vite on ressent un désir d’appartenance et de reconnaissance, d’être reconnue et comprise.
Nous sommes à la recherche d’un sentiment semblable, d’un signe que je ne suis pas la seule à vivre ceci ou cela. Un besoin si fort de vibrer au diapason d’une autre qui porte la vie.
Quels liens as-tu créés ?
M.M : C’est totalement vrais. Tout de suite, j’ai ressenti le besoin de le partager avec une autre femme enceinte qui vivait la même chose et en même temps que moi. Dans le quotidien et la génération dans laquelle je vis. Clémentine avait trois mois d’avance et je pouvais me rapprocher d’elle en cas de peur, de doute, d’angoisse.
Il y avait aussi ma belle-sœur.
Nous agissons pas forcément par peur ou inquiétude mais bien par envie de connexion.
Le bébé a pris sa place et prends toute sa place ce qui ajoute un caractère à la fois invisible et si envahissant à ce début de grossesse. Le mieux c’est de laisser le bébé être le gouvernail de notre expérience de grossesse. C’est souvent à cette étape qu’il y a le plus de symptômes : nausées, vomissements, fatigue, douleurs... Ça ne se voit pas mais ça se sent.
Comment t’es-tu connecté avec ton bébé ?
M.M : J’ai acheté des vêtements dès le premier mois. Ensuite, la connexion physique et magique, c’était quand j’ai reçu les premiers coups de pieds. Parce qu’au début, c’est dingue, je savais que j’étais enceinte mais presque je l’oubliais.
Bienvenue dans le troisième trimestre.
Il sonne un peu le rituel des dernières fois. Il est parfois difficile d’être dans l’instant présent ballotté entre nostalgie, panique et peur de l’inconnu. Il peut se traduire de manière différente notamment par l’instinct de rassurance du type ranger sa maison, mettre son quotidien à jour, ou boucler la valise.
Pendant que tout est sous contrôle, il faut s’autoriser à perdre le contrôle.
Comment apprivoises-tu le temps de la fin de grossesse ?
M.M : Dans cette période particulière en confinement je le vis différemment. J’apprécie finalement ce temps pour préparer ma maison, me cocooner. Je pratique des séances hypno-birthing. Ces exercices m’on donné des clefs et m’ont montré que j’étais plus dans l’excitation que dans la peur.
Ils consistent en des affirmations positives qui recentrent la grossesse et l’accouchement sur le positif. Je n’ai pas d’attente particulière pour mon accouchement mais je l’aborde beaucoup plus calmement en m’ayant sorti de la tête qu’un accouchement n’est pas forcément traumatisant.
Là, j’ai juste hâte d’aller vers mon accouchement, et de rencontrer mon bébé de manière beaucoup plus sereine.
Tout au long de la grossesse, c’est toute une préparation de la femme, son corps, son coeur et sa tête au vue de la mise au monde.
Quel suivi de grossesse as-tu choisis aux États-Unis ?
M.M : Accoucher aux États-unis m’angoissais pas mal. La recherche d’une gynécologue a été difficile. Notamment pour trouver quelqu’un avec qui je me sente bien et en confiance.
Un accouchement coûte très cher il faut aussi avoir une bonne couverture sinon c’est affolant.
Toutefois, je suis ravie d’avoir trouvé mes cours d’hypno-birthing.
L’utérus se distend, le bébé grossit et le liquide amniotique augmente. Autant de facteurs physiques pour faire en sorte que l’utérus se contracte. La femme enceinte a aussi besoin de cette hormone de l’amour et du plaisir : l’ocytocine, directement liées aux émotions de la maman. Plus elle est calme, sereine, confiante et satisfaite plus les récepteurs d’ocytocine augmentent.
Je lance un appel à tous les professionnels, thérapeutes autour de la naissance, qui devraient toujours se demander dans quel état émotionnel la femme quitte son rendez-vous et retourne chez elle. Soyons vigilants dans nos mots, nos attitudes pour éviter d’être anxiogènes et activer à l’inverse de l’adrénaline.
La femme enceinte a ce besoin d’amour que l’on explique par cette transformation déboussolante, cette perte de repères quand le corps change et se dilate. D’où l’importance de la présence du partenaire, doux et aimant.
Ne prenons pas pour acquis que la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement sont des processus biologiques qui fonctionnent seuls et sans effort. Ils sont co-dépendants de la production de l'hormone de l’amour et c’est en cela qu’une femme enceinte a besoin d’être reconnue, comprise et honoré.
« Nous n’avons pas de réel pouvoir sur les vies qui décident de s’implanter en nous ni sur les naissances. La vie nous rappelle que l’humilité et la confiance sont des vertus essentielles pour découvrir le suspens que nous réserve notre destinée ». Karine Langlois, sage-femme et doula.
Références:
- Hypnose-birhting , méthode Mogan - https://us.hypnobirthing.com
- L'accouchement expliqué avec un ballon et une balle de ping-pong - https://www.youtube.com/watchv=dhDNGjx_Dw4